Le défi d'un nouveau monde....
Face à une crise dont l’ampleur apparaît encore difficilement imaginable mais qui semble plus complexe que bien des économistes le prédisent, beaucoup de nos dirigeants politiques s’accordent sur un seul point celui de réinventer un monde nouveau.
Ainsi même Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy déclarait dans une interview à la Tribune le 31 Juillet 2009 : «Les dirigeants du monde entier doivent assumer une immense responsabilité intellectuelle, morale, politique pour accoucher d'un monde nouveau, pour accompagner, pour organiser l'émergence d'une nouvelle mondialisation, d'un nouveau modèle de croissance, d'un nouveau mode de vie, d'un autre système de valeurs. Si ce combat échoue,(…) , si ceux qui veulent que tout recommence comme avant l'emportent alors il faut craindre qu'après avoir écrit tous les chapitres d'un manuel d'économie sur les crises financières nous n'écrivions aussi les pires chapitres d'un manuel d'histoire. Souvenons-nous que les passions humaines sont toujours plus fortes que les marchés.
Un nouveau monde est inéluctable. Le problème est de savoir si le passage de l'ancien au nouveau se fera sous l'empire de la raison ou sous celui de la déraison, si nous ferons un détour par des catastrophes écologiques, sociales, politiques ou si nous saurons en faire l'économie. C'est une responsabilité collective. »
Malheureusement ces incantations sont peu suivies de faits. Les premières décisions découlant des divers plans de relance ont modifié à la marge notre système en s’appuyant sur des recettes économiques classiques.
Il s’agit globalement de maintenir autant que possible le présent en pariant sur une sortie de crise rapide (2010) et tenter de relancer le moteur grippé d’une croissance qui semble pour la majorité de nos décideurs éternelle et sans limite.
C’est pourtant ce dogme qui nous a conduit au désastre…
Certes dans les prochains mois certains indicateurs économiques repasseront probablement au vert mais de façon ponctuelle et illusoire ; car cette crise n’est en rien comparable avec celles que notre monde a connu au cours du siècle précédent.
Les mêmes experts qui refusaient de parler de crise en 2007, puis la comparaient en 2008 à la grande dépression de 1929 parlent maintenant de reprise imminente.
Ils continuent à vouloir s’accrocher à un présent déjà en train de mourir et en préconisant l’unique remède de la « la réforme du système financier ».
Ainsi dans son dernier discours intitulé « Réflexion sur un an de crise » (quelle capacité de recul !), à l'occasion de la traditionnelle rencontre d'économistes à Jackson Hole (Wyoming) ; le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, a estimé que"l'activité économique apparaît en train de se stabiliser, à la fois aux Etats-Unis et à l'étranger, et les perspectives d'un retour de la croissance à court terme semblent bonnes".
Selon lui "Bien que nous ayons évité le pire, de gros défis nous attendent encore", tout en soulignant qu'il est urgent de répondre aux faiblesses structurelles du système financier et du cadre réglementaire. Il faut "construire un nouveau cadre de régulation financière" aux Etats-Unis et dans le monde, qui tirerait "les leçons de la crise et (empêcherait) la répétition des événements des deux dernières années" a-t-il conclu.
Pourtant malgré ces propos optimistes et les nouvelles envolées du CAC 40, chacun d’entre nous peut mesurer chaque jour les dégâts d’une crise qu’il convient de relier aux nombreux bouleversements que connaît notre monde (démographie galopante, crise environnementale et tensions géo politiques).
Et je ne peux que souscrire à cette phrase prononcée par François Bayrou président du Mouvement Démocrate lors du discours de clôture de la convention sur l’Europe du 8 Juin 2008 :
« Tout ce que nous avons à rebâtir, nous avons à le faire dans le contexte de la plus grande crise que le monde, que l’Europe ait connue depuis des siècles, une crise à l'échelle du millénaire. »
Nous sommes donc face à l’impérieuse nécessité de construire les fondations d’un nouveau monde.
De repenser nos modes de développement en prenant enfin en considération l’épuisement des richesses naturelles et particulièrement des énergies fossiles.
De mettre fin à l’inégale répartition des richesses qui ne cesse de progresser.
De permettre à chacun l’accès à l’éducation et à la santé.
Mais ceci ne pourra se faire sans l’émergence d’un projet politique nouveau et indépendant débarrassé des dogmes dépassés et des slogans usés.
Les chinois disent en guise de malédictions « Puisse-t-il vivre en des temps intéressants » Eh bien que cela nous plaise ou non, nous vivons en des temps intéressants, des temps de danger et d’incertitude, mais aussi des temps plus propices qu’aucun autre dans l’histoire à l’énergie créatrice de l’homme.
Sénateur Robert F.Kennedy
Texte écrit par Laurent.V